Le 7 mai, la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a dévoilé les résultats du second appel d’offres du gouvernement sur l’éolien en mer. GDF Suez et Areva remportent, au détriment d’EDF et Alstom, l’installation et l’exploitation des deux parcs éoliens de Yeu-Noirmoutier (Vendée) et du Tréport (Seine-Maritime). Une bonne nouvelle pour ces territoires.
Vendée et Loire-Atlantique d’un côté, Seine-Maritime et Calvados de l’autre. Les quatre départements qui accueilleront au large de leurs côtes des parcs éolien offshore, dont la mise en service s’étalera de 2018 à 2023, attendent des retombées concrètes sur leurs territoires. “C’est le début d’une grande aventure locale mais aussi de portée nationale”, motivait Nicolas Mayer-Rossignol, président de la région Haute-Normandie, lors de la présentation le 7 mai par la ministre de l’Ecologie des lauréats du second appel d’offres. Même enthousiasme du côté des professionnels : cette émergence “d’une véritable filière industrielle génératrice d’emplois et d’activités sur ces territoires – avec des perspectives à l’export vers d’autres champs éoliens en mer européens puis mondiaux – aura aussi des retombées fiscales”, ajoute Nicolas Wolff chez France Énergie Éolienne.
Jamais deux sans trois
A terme, d’autres façades maritimes seront concernées : de nouvelles zones sont en cours d’identification par les services du ministère et un troisième appel d’offres, avec plus d’éolien flottant, est annoncé pour la fin de l’année. Trois champs sont visés, dont l’un au large de Dunkerque et l’autre en Méditerranée. “En Europe, le potentiel est important, de l’ordre de 30.000 MW, contre 6.600 (6,6 GW) aujourd’hui installés”, insiste Gérard Mestrallet. Grand gagnant du second appel d’offres, le PDG de GDF Suez n’a pas boudé son plaisir lors de la remise du verdict. “Le choix fut serré entre les projets concurrents, tous deux de qualité. J’ai suivi l’avis de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui a tranché en faveur du groupement formé par GDF Suez-Areva avec le portugais EDP Renewables et l’incontournable français Neoen Marine”, a pour sa part resitué la ministre. La puissance totale de ces deux nouveaux parcs totalisant 124 éoliennes atteindra 1.000 MW, à raison de 500 par champ. Ils viennent s’ajouter aux 2.000 MW déjà attribués lors du premier appel d’offres du printemps 2012, dont le consortium EDF-Asltom était ressorti gagnant, avec trois parcs remportés au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et de Courseulles-sur-Mer (Calvados).
Ancrage à terre
D’un commun accord, les industriels et élus concernés mettent l’accent sur l’ancrage territorial de ces chantiers, qui vont irriguer plusieurs bassins d’emplois : en Normandie, du littoral jusqu’à Rouen, où est prévue la création d’un centre de R&D dédié. Rien que dans cette région, des centaines d’emplois sont donc attendus, principalement dans les ports. “Et dans les entreprises dont un grand nombre de sous-traitants et PME”, a précisé la ministre. “Ces chantiers prennent place dans une stratégie de réindustrialisation des territoires”, renchérit Nicolas Mayer-Rossignol. Chez Alstom, Jérôme Pécresse, à la tête de la branche énergies renouvelables, rappelle à toutes fins utiles la nécessité d’alléger, dans le cadre de la prochaine loi sur la transition énergétique, le poids des autorisations à fournir pour créer ces champs éoliens : “Sinon, aucun parc ne sortira de l’eau avant 2020”. De même, ce n’est qu’en gardant “un rythme, un volume d’installations réguliers” que la France a une chance de “s’imposer face à la concurrence des autres marchés”, prescrit-on chez France Énergie Éolienne. Dès lors, l’organisation d’un troisième appel d’offres va de soi. Pour l’heure, le calendrier est à peu de choses près respecté. “Les chantiers se feront dans les temps. Les premiers projets définitifs seront déposés fin octobre. En tout, près de 2.000 emplois sont en jeu”, conclut Antoine Cahuzac, à la barre de la filiale Énergies nouvelles d’EDF.
Morgan Boëdec / Victoires éditions