La Commission européenne a présenté le 22 janvier ses propositions pour le futur paquet climat-énergie qui doit être examiné lors du Sommet européen des 20 et 21 mars à Bruxelles. Elle recommande un double objectif contraignant : une réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport au niveau de 1990 et une part d’au moins 27% d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique total à l’échelle de l’UE en 2030 (et non des Etats membres). Bruxelles ne propose pas d’objectif d’efficacité énergétique dans ce nouveau paquet. “Le rôle de l’efficacité énergétique dans le cadre pour 2030 sera analysé de manière plus approfondie lors d’une révision de la directive sur l’efficacité énergétique, qui devrait être finalisée dans le courant de l’année”, assure la Commission, affirmant qu'”aucune transition vers un système énergétique compétitif, sûr et durable n’est possible sans cette amélioration”. Le précédent paquet pour 2020 comprenait trois objectifs (20% de réduction de gaz à effet de serre, 20% d’énergies renouvelables, et 20% de gain d’efficacité énergétique).
Le double objectif avancé aujourd’hui par la Commission est en ligne avec la position des commissions Environnement et Industrie du Parlement européen. Mais il est jugé insuffisant par les organisations de défense de l’environnement qui ont exprimé leur déception. Nicolas Hulot, envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète, a ainsi estimé que l’UE devrait réduire ses émissions de GES d’au moins 55% en 2030. Quant au Syndicat des énergies renouvelables (SER), principale organisation professionnelle du secteur, il s’est dit “préoccupé” par les propositions de la Commission européenne, ne les jugeant pas assez ambitieuses. Selon lui, l’objectif de porter à 27% la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE d’ici à 2030 “traduit une progression plus faible que pour la période 2007-2020, alors même qu’à l’horizon 2020, les filières des énergies renouvelables auront accompli une grande partie de leur courbe d’apprentissage”. De plus, le fait qu’il ne soit contraignant qu’au niveau européen “déresponsabiliserait chacun des Etats membres”, a-t-il ajouté.
Dans un communiqué diffusé en fin de journée le 22 janvier, le ministre de l’Énergie Philippe Martin et le ministre délégué aux Affaires européennes Thierry Repentin “prennent acte” de la communication de la Commission européenne. L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030, est “l’objectif que le président de la République avait appelé de ses vœux dès la première conférence environnementale en 2012 et qu’il a réitéré à de nombreuses reprises, soulignent les ministres. Cet objectif est en cohérence avec la trajectoire nécessaire pour réduire d’un facteur 4 nos émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050”.
En outre, Philippe Martin “se félicite de la volonté d’afficher un objectif européen d’énergies renouvelables en 2030”, qu’il juge conforme au courrier qu’il avait adressé en décembre dernier à la Commission européenne avec ses homologues allemand, autrichien, belge, danois, irlandais, italien et portugais. “Cet objectif laisse à chaque pays la responsabilité de se fixer un objectif conforme à ses ambitions et à la trajectoire de son mix énergétique,” appuie-t-il. Enfin, dans leur communiqué, Philippe Martin et Thierry Repentin “tiennent à souligner que ces engagements ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de soutien au développement des énergies renouvelables sont essentiels, pour donner un signal à long terme aux acteurs de l’énergie et aux investisseurs pour engager pleinement la transition énergétique européenne ; [et] pour crédibiliser l’engagement européen dans la lutte contre le changement climatique, particulièrement dans la perspective de l’accord international qui devra être conclu en 2015 à Paris”.
Anne Lenormand
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